Les pilotes d’Halifax

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Capitaine Ian Swan

En mai 2021, on comptait 11 pilotes et 1 apprenti dans la circonscription de pilotage d’Halifax. L’Administration de pilotage de l’Atlantique détermine, en consultation avec les pilotes et l’industrie, le nombre requis de pilotes en fonction des projections de trafic maritime. Les candidats doivent détenir, au minimum, un brevet de capitaine voyage local. Nos pilotes sont donc des capitaines hautement qualifiés qui possèdent une vaste formation en navigation, de nombreuses années d’expérience en mer et qui ont démontré une connaissance approfondie des eaux locales. Les éléments essentiels pour une carrière couronnée de succès: maintenir une connaissance locale experte des eaux et suivre une formation professionnelle continue hautement spécialisée en matière de techniques de pilotage et de technologie.

Les pilotes montent habituellement à bord des navires à l’aide d’une échelle de pilote en cordage, à moins qu’elle ne soit jumelée à une échelle de coupée, et grimpent souvent jusqu’à 9 mètres de hauteur le long du flanc du navire. Faire monter des pilotes à bord ou les faire descendre est toujours une opération risquée, et encore plus lors d’une navigation de nuit et dans des conditions défavorables de météo. Une fois les pilotes à bord, ils se rendent sur la passerelle où ils prennent la conduite du navire jusqu’à ce qu’il ait complété son transit au sein de la circonscription de pilotage ou ait accosté de façon sécuritaire.

Halifax
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Les pilotes d’Halifax participent activement au Halifax Port Operations Committee (Administration portuaire d’Halifax), au Halifax Port Navigation Safety Committee, au Halifax Port Security Committee, au Halifax Pilotage Committee (Administration de pilotage de l’Atlantique) et à l’Association des pilotes maritimes du Canada.

De la Confédération en 1867 jusqu’à la promulgation de la Loi sur le pilotage en 1972, l’Halifax Marine Pilots’ Corporation Limited a assuré les services de pilotage. En 1984, les pilotes l’ont réinstituée.

Depuis 1826, 180 pilotes ont reçu leur brevet pour piloter à Halifax. À l’origine, en 1826, les pilotes d’Halifax étaient choisis par examen et devenaient les fournisseurs exclusifs des services de pilotage dans le port d’Halifax, sur ordre de l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse. Il convient de signaler que ce n’est pas avant l’adoption de la Loi sur la marine marchande en 1854, que les capitaines et les seconds à bord des navires de l’Empire britannique ont dû réussir des examens professionnels, afin de respecter l’exigence nouvellement imposée par la loi d’être détenteur d’un certificat de compétence. Les pilotes d’Halifax étaient donc avant-gardistes. Aujourd’hui évidemment, l’examen et la délivrance de brevets sont une responsabilité fédérale qu’assume le gouvernement du Canada, conformément à la Loi sur le pilotage.



La vidéo est une gracieuseté de AeroVision Canada.

La circonscription de pilotage obligatoire de Halifax

Halifax est une zone de pilotage obligatoire. Lorsque des services de pilotage sont requis, on envoie des pilotes maritimes pour rejoindre les navires et monter à bord, au moment où ces navires entrent dans les zones désignées de pilotage obligatoire.

La désignation en tant que zone de pilotage obligatoire dépend des degrés locaux de risques à la sécurité de la navigation et prend en compte un certain nombre de facteurs comme :

  • Le niveau de difficultés et de risques aux approches et à l’intérieur du port lui-même.
  • Le nombre de mouvements de navires et leur manœuvrabilité, ainsi que leur taille.
  • La conception des quais, ainsi que l’espace réel disponible pour les manœuvres.
  • La nature de la cargaison transportée, c.-à-d. pétrole, gaz, explosifs, matériel dangereux; et
  • Les préoccupations environnementales et la préservation de l’écosystème.
Zones de pilotage obligatoire

La géographie du port d’Halifax atteint presque la perfection. C’est un port naturel en eau profonde qui couvre une grande superficie, est exempt de glace et ouvre sur l’Atlantique Nord, donnant ainsi accès au grand circuit des routes commerciales. Le port compte environ 14 milles nautiques en zone de pilotage obligatoire, soit de la station d’embarquement des pilotes jusqu’au bassin de Bedford. En réalité, c’est à la magnificence de son port et à son emplacement stratégique que la ville doit sa création en 1749. De nos jours, plus de 440 000 personnes vivent dans le centre urbain autour du port, faisant d’Halifax la 14e plus importante ville au Canada.

La photographie est une gracieuseté de Cody Osborne Photography La photographie est une gracieuseté de Cody Osborne Photography.

La photographie est une gracieuseté de Cody Osborne Photography La photographie est une gracieuseté de Cody Osborne Photography.

La géographie constitue également la clé de son avenir. Halifax accueille les plus gros navires au monde. Ce sont des navires qui sont trop gros pour faire physiquement escale dans les ports intérieurs canadiens et dans certains ports de la côte est américaine. Cela profite aux Canadiens, puisque Halifax est un des corridors commerciaux désignés du pays. L’industrie tend de plus en plus à faire voyager de très gros navires qui se révèlent plus longs, plus larges, plus hauts et à plus grand tirant d’eau que tous les autres types de navires.

L’administration portuaire d’Halifax est établie à Halifax. Elle accueille des installations qui comprennent le Terminal à conteneurs Fairview Cove (Ceres Halifax Inc.), le Terminal à conteneurs South End (PSA Halifax), les Terminaux Richmond, les Terminaux Ocean, l’élévateur à grain d’Halifax et les Halifax Seaport et Cruise Halifax. On retrouve également autour du port un certain nombre d’importantes installations gouvernementales et privées, à savoir les Forces maritimes de l’Atlantique, la Garde côtière canadienne, la Tuft’s Cove Generating Station (Nova Scotia Power), Gold Bond Canada Ltd., Autoport, le Quai Woodside Atlantic, le CN Halifax Intermodal Terminal, le Terminal Irving du Port d’Halifax, McAsphalt et la cale sèche du chantier naval d’Halifax.

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Les défis de navigation

Le port d’Halifax dispose de 74 quais et de 13 postes de mouillage, dans le port même et au bassin de Bedford. Le détroit The Narrows relie le port d’Halifax au bassin de Bedford et est situé entre deux ponts. Dans The Narrows, la distance entre les contours de 10m est de 0,13 mille nautique/276m et de 0,095 mille nautique/175m entre les contours de 15m.

Le pont Angus L. ¬Macdonald, d’un dégagement vertical de 50m à sa travée centrale, franchit le port près de la plus importante base navale du Canada, celle des Forces maritimes de l’Atlantique qui emploie plus de 5 000 militaires et 2 000 civils. Le pont A. ¬Murray MacKay franchit également le détroit. Son dégagement vertical est de 49m à sa travée centrale. La flotte de la Garde côtière canadienne est accostée aux quais du bassin de Bedford, près du pont A. Murray MacKay.

Des digues de roches protectrices entourent la culée nord du pont Macdonald ainsi que les deux culées nord-est du pont MacKay. Le dégagement couche d’air, qui est la distance entre la surface de l’eau et le point le plus inférieur de la base du pont, permet aux navires de circuler dans la travée prévue pour la circulation. Les pilotes d’Halifax naviguent donc en se ménageant un dégagement minimal de 1,35m lorsque la visibilité est bonne et de 1,55m lorsque la visibilité est mauvaise. Cela vaut pour les navires commerciaux et les embarcations de plaisance de passage.

La taille même des navires en mouvement sous pilotage limite les endroits où ils peuvent se déplacer, accoster et jeter l’ancre de façon sécuritaire. Ces navires partagent la voie navigable avec beaucoup d’autres utilisateurs, notamment de petites embarcations de plaisance, de petits bâtiments de pêche et des exploitants de bateaux d’excursion. On retrouve également cinq clubs marins et un chantier naval, et le Halifax Metro Transit exploite un traversier de transport de passagers qui sillonne le port intérieur. Les pilotes d’Halifax travaillent en étroite collaboration avec tous ces utilisateurs au sein de comités et lors d’interactions personnelles, comme le Halifax International Boat Show, afin d’assurer de bonnes communications et de maintenir la sécurité dans l’utilisation et le partage de la voie navigable.

Le 5 décembre 2003, l’Organisation maritime internationale (OMI) a adopté des lignes directrices sur les lieux de refuge destinés aux navires en détresse (résolution A.949(23)). Halifax est désigné comme port de refuge. On y a d’ailleurs vu deux pétroliers accidentés chargés de brut entrer dans le port pour des réparations. Le M.V. Australian Spirit – le navire avait de la puissance, mais pas de gouvernail et ne pouvait manœuvrer; le M.V. British Merlin – le navire n’avait pas de puissance et, même si le gouvernail était intact, le résultat était le même, il ne pouvait manœuvrer. Des pilotes expérimentés travaillant avec des capitaines de remorqueur d’expérience ont mené ces navires au port et les ont sécurisés sans encombre le long d’un quai.

Halifax
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Les principaux types de circulation

Le port s’occupe d’une variété presque infinie de navires. Certains y viennent en transportant des marchandises commerciales, certains dans le cadre d’opérations navales internationales, certains à des fins d’exploration et d'autres pour des mégaprojets, du tourisme et de la pêche. La taille et la conception des navires varient considérablement de même que leur manœuvrabilité et les techniques requises de manœuvre afin de procéder au pilotage sécuritaire de ces navires.

Halifax est le principal terminal portuaire à conteneurs du Canada Atlantique et le quatrième plus grand au Canada. La taille des porte-conteneurs varie et peut atteindre celle des plus récents ultragros porte-conteneurs (ULCV) qui transportent quelque 15 000+ EVP (équivalent 20 pieds). En relativement peu de temps, les ULCV de plus de 16 000 EVP sont devenus des abonnés réguliers du port d’Halifax et on s’attend à ce que la tendance à l’accroissement de leur taille se poursuive. À 16 000 EVP, ce sont les plus gros ULCVs à faire escale à un port canadien, et dans certains cas, Halifax est le premier port d’escale de la partie est de l’Amérique du Nord.

Mais il y a encore beaucoup plus d’autres navires à Halifax, notamment des pétroliers chargés qui atteignent la taille Suezmax et transportent jusqu’à 1 million de barils de pétrole brut, des transporteurs de vrac et des navires autochargeurs de diverses tailles. Anchorage #1 accueille des vraquiers de type Le Cap de 199 000 tonnes de port en lourd et d’un tirant d’eau de 17m qui viennent se ravitailler et/ou passer l’inspection de détection de la spongieuse rose. Les pilotes d’Halifax ont même gouverné le Erik Raude, un navire semi-submersible d’un tirant d’eau de 20,1m. La circulation se compose aussi de navires rouliers, de transporteurs d’automobiles et de navires de marchandises générales. Halifax est un important port d’escale de navires de croisière et c’est toujours un événement lorsque les navires les plus récents et les plus gros y font leur escale inaugurale. Parmi ce mélange de navires, on retrouve le transport spécialisé, soit les navires de colis lourds et les navires de cargaisons spéciales, ainsi que des opérations de barges et remorqueurs. Enfin viennent les plateformes de forage et les pontons-grues, tous les navires de guerre étrangers ainsi que les porte-avions et sous-marins sont conduits par les pilotes d’Halifax.

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Les domaines particuliers de compétences

Les compétences requises des pilotes d’aujourd’hui ne cessent de s’accroître. Les pilotes ont adopté la technologie et ont été à l’avant-garde de ses développements comme outil de pilotage visant à améliorer la sécurité. Alors que les navires grossissent à un rythme rapide, la dimension des voies navigables a peu ou pas changé dans l’ensemble.

Naviguer et accoster de façon sécuritaire des navires énormes exigent une grande précision et des compétences aguerries, tout en maintenant une vigilance constante sur la profondeur dynamique d’eau sous la quille, le dégagement d’air, le fardage, les courants, les marées et la circulation dans la voie navigable. Les pilotes d’Halifax sont experts dans le fait de guider des remorqueurs lors des opérations d’escorte et d’accostage, ainsi qu’en navigation de nuit et en navigation dans le brouillard.

Lorsqu’on utilise la technologie comme outil de complément des compétences spécifiques des pilotes, on augmente la sécurité lors des manœuvres de navires dans le port. Cela représente un grand avantage lorsqu’on pilote les plus récents navires ULCVs ou les navires Neo-Panamax sous les ponts et dans les Narrows d’Halifax, en tout temps à longueur d’année.

Les pilotes d’Halifax ont été indispensables à l’élaboration de paramètres sécuritaires visant les conditions opérationnelles liées à la température et aux remorqueurs lors de transits de navires ULCVs et Neo-Panamax faisant escale au port. Ainsi, la mise au point de la bouée météorologique côtière SmartATLANTIC d’Halifax, le système de mesure du dégagement d’air du port d’Halifax sous les ponts, le projet iHeave de mesure de la profondeur dynamique d’eau sous la quille en mer et l’utilisation des unités portables de pilotage ne sont que quelques exemples d’initiatives initiées par les pilotes. Nous n’avons cependant pas atteint ces jalons seulement par nous-mêmes. En effet, un de nos attributs les plus précieux repose sur un esprit de dialogue ouvert, de partenariat et de mise en commun de nos compétences et de nos ressources avec nos parties intéressées les plus pertinentes. Tout récemment, nous avons examiné avec la Garde côtière canadienne les aides à la navigation et le routage en eau profonde de navires plus gros, et avec l’Administration portuaire d’Halifax, la mise au point de critères liés à l’accostage simultané de deux navires ULCV au Terminal de conteneurs South End.

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